Les candidats à l’Elysée oseront-ils le féminisme en temps de crise ?

Anne Brigaudeau Publié le 19/01/2012 à 17H19, mis à jour le 19/01/2012 à 22H34

Plusieurs organisations féministes ont décidé de s’inviter dans la campagne.
Films, affiches, collectif, appel et "pacte pour l’égalité" entre les hommes et les femmes : les initiatives fleurissent.
Seront-elles entendues en ce temps de crise ?
Les inégalités hommes-femmes restent criantes.

Dans les entreprises, les salariées gagnent 20% de moins que leurs collègues masculins.
En politique, les femmes représentent moins d’un cinquième des députés, ce qui place la France au 61e
rang du classement mondial.
Quasiment aucun progrès en cinq ans

Quels progrès accomplis, sous le quinquennat Sarkozy ? Pas un mot sur les femmes dans le bilan de la lutte pour l’égalité des chances publié sur le site de l’Elysée.
Seule loi un peu marquante, celle obligeant à davantage de mixité dans les conseils d’administration. Les premières bénéficiaires en furent... Bernadette Chirac chez LVMH et Florence Woerth chez Hermès.

Quant à la promesse de 2007 sur une égalité salariale et professionnelle "totale" d’ici 2010, elle est restée lettre morte.
"Un pacte pour l’Egalité’
Malgré la crise qui relègue les préoccupations dites sociétales au second plan, plusieurs organisations féministes ont décidé de monter au créneau. D’autant que le chômage, la précarité et la pauvreté frappent plus durement les femmes que les hommes.
Mardi 17 janvier, le "Laboratoire de l’Egalité" a lancé une campagne de films et d’affiches, illustrant les inégalités au travail ou à la maison. "Mercredi 15 heures. Papa travaille. Maman est en RTT. Qui a parlé d’égalité ?", demande l’un des visuels montrant une femme chez elle avec ses enfants.
Cofondé en 2010 par la militante féministe Olga Trostiansky, adjointe au maire (PS) de Paris Bertrand Delanoë, le "Labo" a fait signer aux candidats un "pacte pour l’égalité". Celui-ci prévoit de réserver le financement public aux partis politiques qui présentent 50% de candidates aux élections.
François Cluzet signataire d’un appel pour l’égalité
Ces revendications sont également portées par "Osez le féminisme" (OLF).

Le mouvement lancé en 2009 par Caroline de Haas, collaboratrice du socialiste Benoît Hamon, et quelques autres, a publié jeudi 19 janvier un appel pour l’égalité hommes-femmes. Le texte a déjà été signé par une trentaine de célébrités comme le comédien François Cluzet ou la journaliste Isabelle Giordano.

Bref, je veux l’égalité femmes-hommes
Osez Le Féminisme
02:07

Enfin, le 7 mars, veille de la journée internationale des Femmes, plus de 40 associations réunies dans le collectif "Féministes en mouvement" doivent énoncer leurs attentes, "en présence", espèrent-elles, " de plusieurs candidats et candidates".

Elles réclament que l’égalité professionnelle et salariale devienne une priorité et que l’éducation à l’égalité entre les femmes et les hommes "fassent partie intégrante de la formation des actrices et acteurs éducatifs".

Signalons encore qu’Aurore Bergé, Elodie Massé et Elise Vouvet, trois jeunes femmes politiques dont deux sont engagées à l’UMP et la troisième au PS viennent de publier "Alter-Egales" (Normant éditions). Un recueil de témoignages de femmes de pouvoir - d’Edith Cresson à Rachida Dati - ayant subi la violence de la misogynie en politique.

Elles concluent sur une liste de dix propositions. Parmi celles-ci, l’application de la "clause de l’Européenne la plus favorisée".

Un principe qui vise à harmoniser par le haut le droit des femmes et dont l’idée revient à Gisèle Halimi, féministe de toujours.

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