Le collectif féministe La Barbe dénonce dans les colonnes du journal Le Monde, la suprématie des hommes lors du prochain festival de Cannes. Un texte fort et accusateur, fidèle aux positions du groupe engagé dans un long combat pour la parité.
« Aux femmes les bobines à coudre, aux hommes celles des Frères Lumière ! » Ainsi se conclue la tribune publiée dans Le Monde du 12 mai et sur le site du groupe La Barbe. La plume acérée de ces militantes engagées a choisi de s’attaquer au Festival de Cannes et à son sexisme supposé. Rappelant que les vingt-deux films présentés cette année dans la sélection officielle ont tous, sans exception, été réalisés « heureux hasard, par vingt-deux hommes », les féministes de La Barbe pointent du doigt une certaine tendance au machisme dans le 7ème art.
Car si les hommes ont accès au petit monde fermé de la réalisation, les femmes, elles, sont plus volontiers reléguées au rang de maîtresses de cérémonie. « Bérénice Béjo en 2012, Mélanie Laurent en 2011, Kristin Scott-Thomas en 2010. Les femmes sont de parfaites hôtesses, que l’on rendra heureuses d’un simple, "t’as de beaux yeux, tu sais", ou autres compliments bien tournés. » rappelle la tribune. La constatation est en effet troublante… Les femmes, au cinéma comme ailleurs, seraient donc avant tout appréciées et reconnues pour leur apparence d’avantage que pour leurs qualités intellectuelles. Deuxième preuve à l’appui, La Barbe cite l’exemple des affiches du Festival de Cannes « cette année c’est Marilyn Monroe qu’on célèbre, en 2011 Juliette Binoche, en 2009 Monica Vitti, et en 1989 une Marianne de la République incarnait le prestigieux festival. En 1976, ce sont les fesses nues d’une femme qui étaient à l’honneur. De quoi se plaindraient nos muses ? Elles sont célébrées pour leurs qualités essentielles : beauté, grâce, légèreté… »
Depuis la publication de ce texte dénonciateur, les réactions affluent sur le net et les réseaux sociaux. Sur Twitter par exemple, où l’on reste tempéré : « demander plus de femmes est absurde oui, mais s’interroger sur les raisons de leur absence est pertinent ». Du côté des personnalités (féministes ou non), certaines ont témoigné leur soutien à cette prise de parole : Virginie Despentes, Zabou Breitman ou encore la romancière Nancy Huston.
En réponse, le délégué général du Festival Thierry Frémaux, interrogé par l’AFP, a tenu à préciser que le Festival de Cannes ne sélectionnerait « jamais un film qui ne le mérite pas simplement parce qu’il est réalisé par une femme ». Restant ferme, il a cependant ajouté que « Cannes n’est qu’une conséquence et une illustration de ce qu’est le cinéma. S’il est judicieux de saisir l’occasion de Cannes pour faire émerger (la problématique), accuser le Festival ne sert strictement à rien. » Quoiqu’il en soit, La Barbe a jeté un lourd pavé dans la marre de sexisme qui ne semble pas épargner le 7ème art...
Au Feminin - Festival de Cannes : Sexisme sur la croisette ?
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dimanche 20 mai 2012