Triennale de l’Art Contemporain

Force de l’Art ou Art de la Force ?

Les femmes du groupe d’action féministe La Barbe, connues pour leurs actions contre le sexisme des milieux de la politique, de la finance et de l’industrie, se sont aujourd’hui attaquées pour la seconde fois au secteur artistique : La Force de l’Art, exposition phare de la décennie, est entièrement conçue par des hommes, qui n’ont consacré qu’une place insignifiante aux œuvres féminines.

Leurs barbes postiches bien en place, les activistes ont déroulé leur banderole devant Madame la ministre Christine Albanel à l’occasion du vernissage de l’exposition puis félicité les organisateurs de cette 2ème édition de La Triennale de l’Art Français, devant la presse et le gratin culturel parisien :

« Le Ministère de la Culture et de la Communication, le Centre National des Arts Plastiques et la Réunion des Musées Nationaux ont judicieusement confié l’organisation de l’exposition à une équipe composée exclusivement d’hommes. Comment mieux assurer la reproduction, pardon !, la continuité et la pérennité du grand Art, qu’en confiant cette mission difficile à une virile assemblée ! »

Les barbues se sont ensuite émues auprès de Madame la Ministre et des commissaires de l’exposition de la présence de 7 femmes parmi les 42 artistes mis en avant.

« Le génie créatif est masculin, on ne le répétera jamais assez. Quant aux femmes, chacun sait que c’est dans la maternité qu’elles réalisent leur vocation , dans la décoration de nos intérieurs que s’exprime leur talent, et dans le rôle délicieux de muses des grands hommes que leur génie s’épanouit. Pourquoi bouleverser cette belle harmonie ? »

Acceptant volontiers la Barbe qui lui était tendue, Christine Albanel a déclaré être « très sensible au sujet ». Renvoyant sèchement dans les cordes un de ses conseillers qui dénigrait l’action des Barbues – elle s’exclamait "Oui, mais c’est moi LA Ministre" devant la Caméra du groupe La Barbe.

La Barbe
 
L’Art en Chiffres :
l’Etat & l’Art : politique d’achat

ß En 2004, sur les 1052 oeuvres achetées par l’Etat, 54 ont été réalisées par des femmes, soit un pourcentage de 5%

ß Dans les collections détenues par les FRAC en 2007, on trouve 79% d’artistes hommes . Mais si l’on compte le nombre d’oeuvres de femmes il n’y en a que 11,5% (28 558 / 247 721 oeuvres). En d’autres termes, lorsqu’un FRAC s’intéresse à un artiste homme, il lui achète en moyenne 14 oeuvres ; s’il s’intéresse à une artiste femme, il en achète moins de 7.

ß En 2000, dans les collections du Musée National d’Art Moderne (centre Georges Pompidou), 83% des artistes sont des hommes (3 032 / 3 660), mais seulement 7,5% des oeuvres achetées ont été créées par des femmes. Cela signifie que le musée achète le double d’oeuvres en moyenne à l’artiste lorsque il est un homme. En outre, on peut voir exposées dans les salles des collections 5% d’oeuvres de femmes, le même chiffre qu’avant la Révolution française aux Salons de l’Académie.
Le marché de l’Art en Général

ß Artprice a produit avec la FIAC1 2008 Le rapport annuel sur l’art contemporain 2007-2008. Dans ce top 500 des ventes mondiales d’art contemporain du 1er Juillet 2007 au 30 Juin 2008, sur les deux cent premières ventes, on compte 92% d’oeuvres d’hommes.

ß On y trouve une seule femme parmi les neuf artistes français, à la 436ème place, qui est la photographe Bettina Rheims.
ß Publié une fois l’an dans la revue économique allemande Capital, le Kunst Kompass se présente comme une échelle de notoriété des 100 meilleurs artistes vivants qui oeuvrent sur la scène artistique internationale. Kunst Kompass (pouvant être traduit par Boussole de l’art en Allemand), sert de référence aux collectionneurs et investisseurs internationaux qui le consultent depuis 30 ans.

ß Selon cet indicateur, aucune femme n’arrivait dans les 10 premiers artistes en 1970. L’édition 2006 nous donne une femme à la 9ème place, une française à la 60ème place, et 80% d’hommes.

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