Le Parlement... Miroir de la société française ?
Le 15 mai, La Barbe s’introduit au Sénat, protestant contre l’invitation à la dernière minute d’une femme à la tribune d’un colloque exclusivement masculin sur la Vème République.
Des barbes ont circulé parmi l’auditoire alors que s’installait à la table ronde présidée par Edouard Balladur une série de représentants de la gent masculine : on trouvait ainsi M. Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, de M. Claude Estier, ancien président du groupe socialiste du Sénat, de M. Gérard Longuet, ancien ministre, sénateur de la Meuse.
A l’annonce du programme de la table ronde (« L’Assemblée Nationale, miroir de la société française ») ce sont 20 femmes à barbes qui se sont reflétées dans le miroir qui leur était ainsi offert, suscitant une terrible gêne dans l’assemblée.
Mutiques tout au long de l’action, les femmes à barbe ont finalement distribué au public le tract suivant :
“Vive la Vème République.
Remercions le Comité d’Histoire Parlementaire et Politique (CHPP) : ce colloque arrive à point nommé. Alors que les média nous assaillent de leur relents post soixante-huitards, tandis que déjà 18 % de femmes ont investi l’Assemblée nationale, nous ne pouvons que nous réjouir à la lecture du programme qui nous est proposé, compte tenu de la qualité des orateurs qui nous le présenterons.
Dans cette Salle Clémenceau, dans ce cadre prestigieux du Sénat où siègent les Sages, se succèdent aujourd’hui à la tribune de nombreux énarques et anciens ministres - tous des hommes comme il se doit, n’en déplaise à Mme Marie Jo Zimmermann, féministe d’Etat, apôtre de la parité, fléau des temps modernes. Au côté de M. Edouard Balladur, ancien premier ministre, M. Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, M. Claude Estier, ancien président du groupe socialiste du Sénat, M. Gérard Longuet, ancien ministre, sénateur de la Meuse, nous – membres de La Barbe, saluons l’initiative. L’Assemblée, miroir de la Société Française est bien reflétée par cette table ronde que Mr Edouard Balladur préside de si juste manière.
Déjà 9% de femmes ont pris la place de nos confrères aux dernières élections municipales, signe de la dégénérescence des valeurs viriles chez certains d’entre nous, qui laissèrent leur chaise vide en tête de liste. Les menaces sont réelles de voir les lieux de pouvoir en France contaminés par une féminisation rampante de la société et la confusion des genres. Les défis aux institutions politiques françaises sont nombreux, c’est pourquoi nous sommes rassérénées de voir que certains hommes politiques de l’ancienne garde savent encore créer les conditions d’une réflexion sur notre Histoire qui ne s’embarrasse pas de froufrou. Les rênes d’une société bien gouvernée doivent être tenues dans la main d’hommes blancs, sûrs et entiers ; eux seuls sont à même de porter et transmettre les valeurs qui nous sont chères – Justice, Egalité, Universalisme.
La Barbe.”