Par Ingrid Merckx
Inégalités, maternité ou parité : une nouvelle génération de militantes réinvente les luttes féministes. Cécile Duflot explique en quoi l’écologie est liée à ces luttes. Cécile Duflot explique en quoi l’écologie est liée à ces luttes. La gestation pour autrui ou le port du voile provoquent des débats houleux.
« Ce 8 mars 2011, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, […] est porteur d’espoir venu du Sud !, annonçait le Collectif international pour la défense du droit des femmes fin février. Les Tunisiennes revendiquent la consécration de l’égalité des droits dans la Constitution, l’instauration de la laïcité […]. Les Égyptiennes veulent l’abrogation du code du statut personnel, la mise en place d’un État laïque et leur participation à la commission pour la réforme de la constitution. Les Algériennes veulent l’égalité des droits et sont partie prenante des aspirations et des revendications pour un État de droit… » De manière presque prémonitoire, le Congrès international féministe qui se tenait à Paris les 3, 4 et 5 décembre 2010 concentrait ses débats sur les mutations géopolitiques, notamment dans les pays arabes. Parmi les questions posées : les Occidentales imposent-elles leurs normes ou les droits des femmes sont-ils réellement universels ? Et que penser du féminisme musulman en France, où l’islam, et en particulier le voile, est l’objet de nouveaux clivages ? Autre sujet de division chez les féministes : les mères porteuses. Pro et anti-« gestation pour autrui » refusant la marchandisation du corps avec des arguments opposés : encadrer ou interdire.
La bonne nouvelle, après un reflux dans les années 1980 et un petit sursaut dans les années 1990 avec les lois sur la parité, c’est que le féminisme s’offre aujourd’hui un regain de fierté. Une sorte de « féminisme pride », se réjouit Martine Storti, présidente de l’association « 40 ans de mouvement ». Si les anciennes s’avouent stupéfaites par le retour du religieux et déprimées par la persistance des rapports de domination hommes/femmes, elles saluent l’émergence d’une nouvelle génération. Moins franchement politisée que la précédente, celle-ci s’attache à la conquête d’une visibilité et à attirer des « non-conscientisées ». Que deviennent la division du travail et le slogan « notre corps nous appartient » ? Les fondamentaux ne changent pas. En revanche, l’écologie politique propose de renouveler notamment le rapport au temps de travail et à la maternité en se désaliénant de la société de consommation, qui a pris beaucoup de poids depuis les années 1970 et a largement montré ses limites.
Photo : ayissi / afp