A l’occasion des bien-nommées Journées du Patrimoine, la Barbe se réjouit de ce que ressort pour la troisième fois l’exposition « Marianne, une femme affranchie » de derrière les fagots républicains. C’est vrai, on ne s’en lasse pas. Depuis que la République existe (217 ans tout de même !), elle est gouvernée par des hommes et incarnée par une femme, qu’on se permet, avec une belle constance, d’affranchir, de tamponner, et même d’oblitérer !
Les chefs de la IIème République l’avaient bien compris : pour incarner les institutions sur un timbre, une femme belle, jeune, et s’offrant généreusement à l’imagination collective est de meilleur goût qu’un homme vieux, blanc et bedonnant, issu de la classe dominante, et surtout réel. Nous ne sommes pas en monarchie pour mettre le visage de nos hommes d’état sur nos timbres-poste !
Répétons-le haut et fort, chacun et chacune à sa place, les femmes à celle des muses, les hommes à celle des citoyens et des tribuns !
Que ces égéries de notre mâle régime politique restent sur les timbres, et laissent les hommes occuper seuls les assemblées républicaines, comme ils l’ont fait de tous temps !
Car enfin, Messieurs, est-il de bon ton que seulement 82% d’hommes siègent aux assemblées ? Quel péril pour nos traditions et notre intégrité ! Certes, je vois trembler les doubles mentons, mais ne flanchons pas, Messieurs, gardons espoir, car la France, éternelle résistante face au monde corrompu, la France dis-je tient bon, haut et fort : sur 27 pays européens, seuls 7 comptent une moindre proportion de femmes dans leurs assemblées nationales que notre virile République. Oui, la France du XXIème siècle sera mâle ou ne sera pas !
Vous l’avez toujours su, si grands sont les hommes qu’ils ne sauraient tenir sur un simple timbre-poste. Quant à la femme, au lieu d’émancipation, qu’elle se contente de l’affranchissement, et au tarif en vigueur !
Journée du Patrimoine au Conseil constitutionnel 19/09/2009
Remise d’une décoration à Jean-Louis Debré, au Conseil constitutionnel, au sein de l’exposition sur Marianne.