GALA.fr Le festival de Cannes est-il sexiste ?

Avec La Barbe, des artistes montent au créneau
"Aux femmes les bobines à coudre, aux hommes celles des frères Lumière", peut-on lire dans une tribune publiée dans Le Monde daté du samedi 12 mai, et sur le site du collectif La Barbe... A quelques jours de l’ouverture du 65e festival de Cannes, nous avons de bonnes raisons de râler : pas une seule cinéaste ne figure dans la sélection officielle cette année et dans la longue histoire de cette belle fête du 7e art, une femme et une seule, Jane Campion, a remporté la Palme d’or. La barbe !

"Confectionner le rêve n’empêche pas d’avoir les pieds sur terre. Nous déclarons que pour la nuit des temps, dans les salles obscures, l’Internationale de la virilité commandera aux infinis sidéraux du star système." Il y a deux ans, les membres du groupe d’action féministe La Barbe avaient déjà mis les pieds dans le plat cannois via un communiqué de presse. Cette année, elles s’offrent une tribune dans Le Monde, signée de Fanny Cottençon, Virginie Despentes et Coline Serreau. Dans ce texte intitulé "A Cannes, les femmes montrent leurs bobines, les hommes leurs films", la comédienne et les réalisatrices pointent le sexisme du plus célèbre et prestigieux festival de cinéma au monde.

"Le festival de Cannes 2012 permet à Wes, Jacques, Leos, David, Lee, Andrew, Matteo, Michael, John, Hong, Im, Abbas, Ken, Sergei, Cristian, Yousry, Jeff, Alain, Carlos, Walter, Ulrich, Thomas, de montrer une fois de plus que ’Les hommes aiment la profondeur chez les femmes, mais seulement dans leurs décolletés’" lit-on encore dans ce texte, qui dénonce la place des femmes sur la Croisette, réduite au rôle de maîtresse de cérémonie (Mélanie Laurent, Diane Kruger, Bérénice Bejo cette année) ou d’égérie de papier glacé (de Juliette Binoche à Marilyn Monroe).

Trop, c’est trop. Les trois professionnelles du cinéma citées plus haut et de nombreuses autres femmes en colère signent donc cette tribune publiée sur le site de La Barbe : parmi elles, notamment, les écrivains Annie Ernaux et Nancy Huston, Zabou Breitman ou Florence Loiret Caille, et une liste de signataires qui s’allonge à vue de nez dans laquelle se perdent quelques hommes égarés.

Le délégué général du festival Thierry Frémaux, interrogé par l’AFP, a précisé que le Festival de Cannes ne sélectionnerait "jamais un film qui ne le mérite pas simplement parce qu’il est réalisé par une femme", refusant toute politique de quota. "Comme citoyen, a-t-il ajouté, je suis d’accord avec le combat féministe, comme professionnel, je sélectionne des oeuvres pour leurs qualités propres". Et enfin : "Cannes n’est qu’une conséquence et une illustration de ce qu’est le cinéma. S’il est judicieux de saisir l’occasion de Cannes pour faire émerger (la problématique), accuser le Festival ne sert strictement à rien".

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