Je vais vous parler de femmes qui sont en passe de devenir des stars, et qui contredisent un petit peu ce que je lis ça et là dans la presse féminine : non ! le féminisme n’est pas ringard, de nouvelles féministes réactualisent le débat, la guerre des sexes... Je vous parle aujourd’hui d’un petit groupuscule d’activistes néo-féministes, un collectif qui s’appelle La Barbe et qui entreprennent des actions très humoristiques pour dénoncer l’invisibilité des femmes. Alors, vous allez me dire, comment, vous, le masculiniste, vous faites la promotion de ces jeunes femmes ? et bien je fais leur promotion parce que leur humour rendrait le féminisme presque sexy...”
J’ai le grand bonheur de mettre à l’honneur de ma chronique une nouvelle génération de féministes : le collectif "la barbe", un groupuscule de femmes activistes qui luttent avec humour contre les discriminations sexistes en France.
Créé voilà un peu plus d’un an, le 8 mars, jour de la fameuse journée des femmes, le collectif "la barbe" réunit quelques rigolotes, qui grimées d’une barbe, infiltrent les sphères du pouvoir politique ou économique pour manifester leur refus d’une société à la solde du sexe fort.
L’idée de ce mouvement contestataire a germé dans la tête de Marie de Cenival à l’époque de l’élection présidentielle de 2007. Elle et certaines de ses amies, ulcérées par une élection dont l’enjeu devenait sexué : voter pour une femme ou voter pour un homme, ont ainsi développé "réactivement" et sur le tard une conscience féministe.
Marie et ses copines font l’économie de débats stériles sur la condition féminine, et se consacrent à l’action et à la provocation. Affublées de leurs postiches et autres barbiches, dans un style qui frôle la performance artistique, elles ciblent leurs victimes : assemblées d’actionnaires de grandes entreprises ou institutions politiques, et rendent ainsi visible l’invisibilité des femmes.
Ce genre de happening utilise un registre très à la mode en ce moment, la revendication second degré des mouvements "désobéisseurs" qui se multiplient actuellement (les pique-niqueurs de super marché contre les marges indécentes de la grande distribution, les déboulonneurs contre le matraquage publicitaire, ou les clowns contre le nucléaire) et participent ainsi à dépoussiérer l’action militantiste.
Certaines ont fait leurs armes au sein d’associations comme Act-Up et font donc montre d’une certaine expertise en happening. Réactiver la guerre des sexes ne leur fait pas peur. Pourquoi moi, le masculiniste bon teint, je me commettrais à faire la promotion de dames, prêtes à toutes les audaces pour nous faire ployer sous leurs revendications ? Parce que :
* L’humour de ces néo-féministes les rendraient presque sexy.
* Un homme averti en vaut deux, l’action de la barbe se développant de manière exponentielle, vous serez peut-être amenés, les gars, à leur faire face, pourquoi ne pas avoir sous le coude un soutif et un bâton de rouge à lèvres pour les accueillir en rigolant ?
* C’est une forme de militantisme récréatif et pacifique in fine assez constructive.
À la barbe de leurs membres les plus méfiantes, je me suis incrusté dans la réunion de préparation de leur happening anniversaire : l’infiltration du conseil constitutionnel le jour de ses 50 ans.
Et puis 18,5 % de femmes à l’Assemblée nationale, une femme présidente de Région, 8 % de femmes dans les conseils d’administration des 500 premières entreprises françaises, 7,6 % de femmes dirigeantes au sein du CAC 40, 17 % des chefs et directrices des entreprises françaises, on est encore loin d’être menacés les amis. De récentes études avancent que les grandes multinationales où les femmes sont les plus représentées affrontent mieux la crise économique. À vous de jouer les filles…
Grégory Poitier