Académie nationale des sciences, belles lettres et arts de Bordeaux

Conférence Nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts

Les lettres sont mâles

« Les Académies provinciales sont les filles de l’Académie française », disait Maurice Druon. Les filles, peut-être, les fils plus sûrement. La Conférence Nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts a été créée en 2000 pour regrouper la trentaine d’académies, fort anciennes, dispersées sur le territoire français. 25 de ces vénérables sociétés savantes sont nées avant la Révolution. Si la Conférence nationale a commis la faute de goût d’élire à sa tête une femme présidente, la trentaine de « provinciales » qui la composent sont toutes très bien membrées.
Présidents, bureaux, trésoriers, conseillers, académiciens, artistes ou scientifiques, penseurs et créateurs, chanceliers et assesseurs, membres titulaires et associés… l’immense majorité de ces doctes personnalités a eu la sagesse d’adouber ses semblables : des hommes, des vrais. À l’image de l’Institut de France sous l’égide duquel elle se place.
L’Institut de France regroupe L’Académie française, l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres , l’Académie des Sciences, l’Académie des Beaux-Arts et l’Académie des Sciences morales et politiques. Rien moins. Un concentré national d’intelligence et de culture. Or, sur le millier d’individus rattachés à L’Institut (876 personnes et quelques sièges vacants), 74 sont des femmes : bien en dessous des 10 % – le savoir est bien gardé.
La Conférence nationale des Académies a pour vocation de contribuer « à la formation d’un réseau culturel de qualité, animé par le même esprit et poursuivant le même idéal ». Gageons qu’elle n’oublie pas en route l’idéal de la domination masculine. Un même esprit, un même idéal, nourris de testostérone longuement mûrie.
Et Bordeaux tient bien son rang : certes, la secrétaire perpétuelle et l’archiviste sont des femmes, mais fort heureusement un président, un vice-président, un trésorier, un trésorier adjoint et neuf conseillers, tous mâles d’âge respectable, gardent ce temple de la pensée contemporaine. Le programme des célébrations de son tricentenaire est à l’avenant. Jean-Pierre, les deux Alain et les trois Michel, Dimitri-Georges, Henri et les deux Pierre, pourront s’y exprimer à loisir et nous entretenir de notre avenir. Gageons qu’à la question posée « Comment Bordeaux et l’Aquitaine se préparent aux défis du XXIe siècle ? » on puisse répondre : entre hommes. Bravo Messieurs les académiciens !

Soutenir par un don