AFP - Première polémique cannoise sur la place des femmes

"A Cannes, les femmes montrent leurs bobines, les hommes leurs films" : un collectif féministe fustige une sélection exclusivement masculine de réalisateurs en compétition officielle, cette année au Festival de Cannes, dans une tribune parue dans le journal Le Monde daté de samedi.

La première polémique cannoise a éclaté avant même l’ouverture du Festival mercredi soir : fustigé vendredi pour l’absence de réalisatrices dans la compétition, le responsable de la sélection Thierry Frémaux a refusé toute notion de discrimination positivie envers les femmes.

Le Festival de Cannes ne sélectionnera "jamais un film qui ne le mérite pas simplement parce qu’il est réalisé par une femme", a dit le délégué-général du festival, chargé du choix des films en sélection officielle (60 cette année) dont ceux en lice pour la Palme d’Or (22).

"Cela mènerait à une politique de quotas", a-t-il déclaré à l’AFP après la tribune d’un collectif de femmes parue dans Le Monde daté de samedi, dénonçant une sélection "exclusivement masculine de films en compétition".

"A Cannes, les femmes montrent leurs bobines, les hommes leurs films", écrivent-elles : "Les vingt-deux films de la sélection officielle ont été réalisés, heureux hasard, par vingt-deux hommes".

Initiative du collectif La Barbe, le texte est signé entre autres par la réalisatrice Coline Serreau, la romancière et réalisatrice Virginie Despentes et la comédienne Fanny Cottençon.

Thierry Frémaux dit par ailleurs que si le problème est bien réel - "nul doute que la place faite aux femmes doit être augmentée" dans le cinéma estime-t-il - Cannes n’est ni le lieu ni le moment de le poser selon lui : "Ce n’est pas à Cannes, ni au mois de mai, qu’il faut poser le problème, c’est toute l’année".

Par conséquent, "accuser le Festival ne sert strictement à rien", conclut-il.

Avec humour, les signataires du texte déplorent la place laissée aux femmes, cantonnées "en vitrine" comme maîtresse de cérémonie, à l’image de Bérénice Bejo cette année, ou sur "papier glacé" comme "icônes troublantes" célébrées pour "leur beauté, grâce ou légèreté", à l’image de Marilyn Monroe, affiche du Festival.

"Surtout, ne pas laisser penser aux jeunes filles qu’elles pourraient avoir un jour l’outrecuidance de réaliser des films et gravir les marches du Palais autrement qu’au bras d’un prince charmant", ajoutent-elles..

L’an dernier, quatre réalisatrices figuraient en compétition officielle pour la Palme d’Or, dont l’une, la Française Maiwenn, a reçu le Grand Prix.

Jane Campion reste en revanche l’unique Palme d’or féminine de l’histoire, décernée en 1993 pour "La Leçon de Piano".

Soutenir par un don