TV5 Monde - Affaire DSK : les soubrettes sont en colere

A l’appel d’associations féministes, des centaines de personnes se sont rassemblées à Paris pour dénoncer le sexisme généré par l’affaire DSK en France. Reportage.
Par Camille Sarret - Texte et photos

« Le sexisme nous fout la gerbe » ; « les soubrettes sont en colère » ; « non c’est non ! » Plusieurs centaines de femmes et d’hommes ont scandé des slogans féministes dimanche 22 mai à Paris.

Les associations Osez le féminisme, La Barbe et Paroles de femmes avaient appelé, dans le cours de la semaine, à un rassemblement contre les déclarations graveleuses et misogynes qui se sont multipliées au sein de la classe politique et dans les médias après l’inculpation pour agression sexuelle et tentative de viol, à New York, du socialiste français Dominique Strauss-Kahn, ancien directeur du FMI.

Les organisatrices ne veulent en aucun cas remettre en cause la présomption d’innocence de DSK. « Le problème n’est pas ce qui s’est passé à New York », a précisé la présidente d’Osez le féminisme, Caroline de Haas, mais « le déferlement de sexisme » qui a suivi, « ce qui n’est pas acceptable ».

« HONTE D’ETRE FRANCAISE »

Les féministes ont dénoncé les propos tenus notamment par Jack Lang, ancien ministre socialiste de la Culture qui, en s’étonnant de l’incarcération de DSK, a répliqué « il n’y a pas mort d’homme » et par Jean-François Kahn, directeur de l’hebdomadaire français Marianne, qui a réduit l’affaire DSK à un « troussage de domestique »

Venue de Rouen, Jacqueline a fait plusieurs heures de voiture pour se retrouver au milieu de la manif. Femme de ménage quand elle était jeune, elle n’a pas oublié « les mains au cul » qu’elle a subies. Aujourd’hui, la colère boue en elle. « J’ai tellement suffoqué en entendant certains propos dans les médias. C’est ignoble ce qu’a dit Jean-François Kahn. C’est une honte et j’ai même honte d’être française en ce moment. C’est une femme de ménage qui se fait insulter et à travers elle ce sont toutes les femmes ».
Ecoutez le témoignage de Jacqueline.

« UNE REMONTEE D’EGOUTS »

Au milieu des affiches et des drapeaux arc-en-ciel pro-homosexuels, Mathilde, elle, a sorti sa fausse barbe pour dénoncer, dans un humour sarcastique, la domination masculine. « On aurait pu croire que le sexisme est une chose dépassée. Mais c’est comme une remontée d’égout. On n’arrête pas de minimiser la dignité des femmes et c’est très grave. »

Pour Laëtitia, 25 ans, panneau à la main, « cette banalisation du viol dans la société est intolérable. On voit que rien ne change. On n’arrête pas d’attendre que Dominique Strauss-Kahn s’exprime et dise la vérité, comme si c’était lui qui forcément détenait la vérité et elle qui mentait. »

En France, au moins 75 000 femmes sont violées tous les ans. Une réalité que connaît bien Emmanuelle Piète qui préside le collectif féministe contre le viol. Derrière sa banderole, elle précise : « On assure une permance téléphonique depuis 25 ans et on a écouté plus de 40 000 femmes victimes de viol ».
Emmanuelle Piète, présidente du collectif contre le viol

« ON EN PARLE ENFIN »

A ses yeux, l’affaire DSK a révélé « la complicité, la solidarité des hommes de pouvoir avec un présumé violeur ». Mais pour cette militante, tout n’est pas noir dans cette histoire. « Cela révèle aussi un énorme progrès. De voir des gens, comme ça, qui protestent, c’est très moderne et je trouve ça très bien. Aujourd’hui, 10% des femmes violées portent plainte. C’est encore insuffisant. Mais, dans les années 70, elles étaient à peine mille. On a quand même évolué. On en parle enfin. Et là en deux jours on arrive à organiser un rassemblement qui intéresse la presse. Je trouve ça vachement important. »

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