France TV - l’UMP n’aime pas les Barbues

Anne Brigaudeau print

Et rebelote. Après Villeurbanne le 29 novembre, les féministes du collectif "La Barbe" ont tenté de monter à la tribune d’une convention UMP mardi 6 décembre à Paris, avant de se faire évacuer sans ménagement. Elles sont prêtes à recommencer.
Dirigée par des hommes, l’UMP ? Mais non, jure Valérie Rosso-Debord. Et de prendre pour argument l’équipe dirigeante du parti majoritaire, telle qu’affichée sur son site. Vous voyez bien que c’est la parité, assure la déléguée générale adjointe au projet UMP. On voit surtout qu’il n’y a que sept femmes sur vingt, et que sur les neuf figures du haut du tableau - les dirigeants de l’équipe dirigeante - huit sont masculines.
"La Barbe" dénonce "la mâle composition de l’équipe de campagne"
Les chiffres, le collectif féministe "La Barbe" les a épluchés de près. Ils sont accablants pour le parti au pouvoir : 20 hommes sur 25 ministres, 80% d’hommes investis comme candidats par l’UMP aux élections cantonales, et dans la région Ile-de-France 51 hommes sur 61 députés UMP.
Pour dénoncer "la mâle composition de l’équipe de campagne", les "Barbues" - elles portent des fausses barbes pendant leurs actions- ont tenté par deux fois de prendre la parole lors de conventions UMP. Objectif : dénoncer "l’hégémonie masculine", qu’elles jugent particulièrement criante dans le parti présidentiel. En vain.
Dans la salle de l’Equinoxe à Paris, mardi comme le 29 novembre à Villeurbanne, elles ont été évacuées sans ménagement par des vigiles. Elles avouent avoir été choquées : "on n’a jamais été traité comme ça", dit l’une d’elles, Céline Mouzon. Même si une autre, Colette Coffin, juge : "c’est mieux quand on nous agresse", coup de projecteur médiatique oblige.
A Paris, elles ont été raccompagnées de force par des policiers jusqu’au métro le plus proche - Balard - situé à quelques centaines de mètres, au-delà du périphérique. A Villeurbanne, elles disent avoir été insultées par un vigile.
Le PS également dans le viseur des "Barbues"
Ne s’en prennent-elles qu’à l’UMP ? Non, à l’exception du Front national qui ne les intéresse pas, elles ont quasiment tous les partis dans leur viseur. La présidentielle est une trop belle occasion de dénoncer un pouvoir toujours essentiellement masculin.
Elles ont ainsi fait irruption à la Maison de l’Amérique latine le 15 novembre dernier, lors de la présentation de l’équipe de campagne du candidat socialiste à l’Elysée, François Hollande, en se faisant passer pour des militantes socialistes. Lorsque les vigiles ont tenté de les rattraper, elles discouraient déjà sous le regard des caméras et l’oeil mi-figue mi-raisin des hiérarques socialistes.
Mais au PS comme à Air Liquide ou ailleurs, elles peuvent le plus souvent "féliciter" les dirigeants pour "la teneur résolument virile" de leurs objectifs avant de repartir. Rien de tel à l’UMP, où on goûte peu les happenings. 
Les femmes dans les conseils d’administration
La parole à la défense : la députée UMP de Meurthe-et-Moselle, Valérie Rosso-Debord, répond qu’on "n’envahit pas une scène en vociférant". Elle affirme aussi que les "Barbues" se sont introduites dans les conventions avec de "fausses cartes UMP" et qu’à Villeurbanne, Jean-François Copé avait proposé de les rencontrer, ce que le collectif dément sur son compte Facebook.
Enfin,Mme Rosso-Debord dénonce "des procédés proches de l’anarchisme" et des femmes "extrêmement violentes" desservant la cause du féminisme. Ultime argument. Qui a imposé qu’il y ait 40 % de femmes dans les conseils d’administration d’ici 2016 (Bernadette Chirac en fut d’ailleurs un des premiers exemples) ? L’UMP.
Pas sûr que l’argument convainque l’immense majorité de femmes qui n’ont aucune chance d’entrer un jour dans ces cercles très fermés.

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