50 ans d’indépendance africaine à l’Hôtel de Ville

Ce matin, les femmes du groupe féministe La Barbe ont investi les salons de l’hôtel de Ville de Paris pour y ridiculiser – dans un décor parfaitement colonialiste - un parterre d’hommes blancs d’âge mûr en costume gris venus célébrer « 50 ans d’indépendance africaine ».
Elles se sont félicitées publiquement de la composition du programme, 19 hommes sur les 21 orateurs prévus… Mêlant à leur critique de l’oligarchie patriarcale une satire de la vision sarkozienne du développement international – elles ont rendu un vibrant hommage aux « Grands Hommes Blancs de France, ces héros qui depuis 50 ans aident l’Homme noir à s’élever hors des cavernes de l’enfance - comme le disait à Dakar notre cher Président. »
Pour l’occasion, la Mairie de Paris avait ouvert le prestigieux salon de l’Hôtel de Ville : boiseries finement sculptées, dorures à la feuille d’or et fresques de femmes évanescentes enfermées dans leurs cadres d’ébène - incarnant les valeurs et trésors de la France.
C’est à Mme Seybah Dagoma, adjointe au maire de Paris, en charge de l’économie sociale et solidaire, qu’incombait la tâche d’annoncer le viril programme. Lourde tâche pour la seule femme de l’estrade, et seule personne de couleur, que de représenter au pied levé la Mairie de Paris, les femmes et la « diversité ».
Les grands hommes se sont ensuite succédés à la tribune : Dov Zerah, Directeur général de l’Agence française de développement, Jean-Bernard Veron de la Revue Afrique contemporaine, Gilles Carbonnier de la Revue internationale de politique de Développement et Jérôme Peyrat, conseiller auprès du directeur de la communication et des relations extérieures de l’AFD.
Jacques Toubon, secrétaire général de la commémoration du cinquantenaire des indépendances africaines, était très attendu. Il n’a fait qu’une apparition virtuelle sous la forme d’un message vidéo.
Le discours des femmes à barbe résonnait ce matin de façon plus charnelle, stupéfiant jusqu’au bout une assistance vraisemblablement peu habituée à ce genre de spectacle :
« Pour mieux célébrer cet anniversaire, vous n’avez convié que des hommes, et vous avez bien fait. Qui dit développement dit émancipation, et la présence des femmes-dont pourraient émaner quelques pulsions maternantes, eût risqué d’entraver ce mouvement. Et quel exemple donnerions-nous à nos frères africains en invitant des femmes à parler d’indépendance ? »
La Gaule résiste encore a l’envahissement des théories du genre, et autres avatars du féminisme. C’est courageux. C’est le dernier syndrome de l’Occident malade, qui veut qu’ à tout propos l’on propose à une donzelle de venir nous parler de la condition féminine.
 
Et pourquoi donc exiger des hommes du continent noir qu’ils donnent à leurs soeurs une place que nous-mêmes ne leur avons jamais cédée ? Nos femmes sont utiles –parfois bienheureuses - à donner le sein derrière nos bureaux aux oeuvres charitables que nous présentons chaque jour à la postérité. Mais nous les avons gâtées, et déjà certaines secouent leurs chaînes.
 
Messieurs, l’Afrique n’a pas de temps à perdre. Il lui faut des leaders, pas des infirmières. Des hommes prestigieux, riches et puissants, qui donneront un jour la main à leurs grands frères blancs pour former une ronde fraternelle autour de l’équateur, et ce pour le plus grand bien de l’Humanité.”
 
La Barbe.

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