A la barbe des machos - L’Express

Le collectif La Barbe, groupe d’actions féministe s’invite dans les lieux de pouvoir pour dénoncer le manque de parité. Armées de postiches et d’une belle ironie.

Elles ont commencé par acheter de la fausse fourrure, qu’elles ont découpée en triangles pour se faire des barbes postiches. Avec ce déguisement, les féministes du collectif la Barbe ont ensuite pris l’habitude de surgir dans les lieux de pouvoir les plus masculins. Ainsi, elles ont récemment sévi dans une réunion de cadres de la grande distribution, où l’une d’elles a enfilé son pelage, pris un micro et déclaré d’une voix placide : "Je félicite Raoul, Maurice, Jean-Jacques, Olivier... Il n’y a qu’une femme à la direction. Ne cédez pas à la féminisation !"

Militantisme zélé

Le détournement est leur arme, l’ironie, leur credo. Profitant d’une journée portes ouvertes au Sénat, ces femmes à barbe d’un nouveau genre ont réussi à grimper au perchoir pour lancer : "Messieurs, résistez ! La loi sur la parité a permis à trop de femmes de s’emparer de sièges." Les huissiers les en ont ensuite délogées en criant : "Vous n’avez pas le droit !"

"Il faut taper au coeur du pouvoir, au lieu de s’épuiser à s’occuper des symptômes", explique Marie, la meneuse. Comme plusieurs de ses camarades, cette quadra a milité auparavant chez Act up, une association habituée aux opérations spectaculaires dans la lutte contre le sida.

Leur féminisme privilégie l’action par rapport aux débats de salon. C’est ainsi que la joyeuse troupe, qui revendique 80 membres dont une trentaine d’actifs, a investi le dernier Mondial de l’auto, salué le journaliste Eric Zemmour lors d’une signature de son livre controversé Le Premier Sexe ("On vous admire, ne lâchez pas le sexisme", lui ont-elles dit) et se sont même invitées, le 17 novembre, au théâtre Marigny, aux BFM Awards, une cérémonie récompensant les meilleurs managers.

Certains mâles rient jaune en les voyant débouler. Un soir, lors d’un colloque parlementaire sans femme à la tribune, les justicières se sont dressées face aux orateurs. Le sénateur Gérard Longuet a répondu à leur provocation par une autre provocation : "Je suis marié à une femme, j’ai quatre filles et, quand j’ai un chien, c’est une chienne." Le combat des barbues n’est pas près de s’arrêter.

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